Après des études classiques puis techniques du bâtiment, je me lance de suite dans la musique en formant mon premier groupe à Liège en 1972 : Telegraph. Puis ce sera Moon in June, Climat et enfin le groupe Marketing Zo jusqu’en 1991, date à laquelle je serai atteint de mon affection neurologique, la sclérose latérale primitive et où je délaisserai la musique et mon métier d’entrepreneur du bâtiment pour la peinture.
Celle-ci est déjà une passion dès mon adolescence, ébloui et tourmenté dès mes quatorze ans par les Primitifs Flamands, par leur inventivité et leur technique que je tâcherai de réinventer à chacun de mes tableaux. Parallèlement, les surréalistes m’interpellent, surtout Magritte, Delvaux et Dali dont j’apprécie la clarté et la technique. Ce n’est que plus tard que je prendrai conscience de l’importance des impressionnistes et que je mélangerai leur style flou à mes exécutions « à la pointe du pinceau » propres aux Primitifs qui ont été mes mentors. J’ai parcouru les musées d’Europe pour intégrer leur style dont je ne parviendrai jamais à me défaire.
Je m’affuble du nom de symboliste, sans en être vraiment certain, à cause du fait qu’il y a toujours des vérités cachées (mais pas trop pour qui sait y voir) dans mes tableaux. En dehors de la beauté (à mes yeux) de l’image, mes toiles se veulent oniriques, elles se veulent une dénonciation à large spectre des misères de l’existence de l’homme, de leurs illusions, de leur lâcheté et de leur cruauté, ce sans vouloir moraliser car je ne m’estime pas meilleur qu’un autre.
mon atelier
Pour ce faire, mon œuvre, comme un opéra de Wagner, doit être vue dans son ensemble. En effet, des personnages récurrents (presque des Leitmotiv) peuplent mes toiles. Ils sont en général témoins de la scène. Le premier, le personnage au long nez conique, est le premier témoin : il subit en général l’acte dans lequel il est impliqué ou subit les évènements avec une incapacité navrante. Il n’est là que pour renforcer la dramatique de la scène. Le second, la femme, sert, par son corps dénudé et exposé à tous, à marquer une opposition. Elle montre sans retenue ce qui fait tourner le monde et semble déplacée dans la violence latente de certaine de mes toiles. C’est le but de sa présence. Elle est quelquefois malmenée, maîtresse ou simple témoin, mais toujours inconvenante par sa nudité dans un monde de principes. Une éventuelle misogynie n’en est pas la raison, mais plutôt une obsession que je tente de mettre à jour.
Le papillon et le scaphandrier
Dans mes toiles, il semble qu’une armée d’architectes venus de différentes contrées se sont complus, sous des ciels tourmentés, à bâtir des villes hallucinantes. Dans des végétations luxuriantes, des Ève mi-nues, mi-anges mi-démons, narguent les hommes ou semblent destinées à des sacrifices propriatoires. De nombreuses scènes bibliques sont revisitées par mon athéisme et sont mises en parallèle avec notre présent. Toutes ces choses sont le fruit de mes fantasmes, de ma philosophie, de mes réflexions, et j’ai ainsi voulu rendre ma peinture intemporelle.
Pax Romana
Depuis 2006, je me suis jeté dans la littérature, nouvelle passion, en commençant par une épopée Heroic-Fantasy (Akimbo) que vous trouverez sur ce site et j’ai de nombreux autres projets en cours.
Bonne visite.
BIOGRAPHIE DE FRANCIS GOIDTS
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Francis Lagneau, né à Andenne (Belgique), le 14 mai 1953
Artiste autodidacte polyvalent, Francis Lagneau s’est d’abord distingué dans la musique rock pour ensuite se consacrer au dessin et à la peinture.
Récidiviste impénitent dans le domaine musical, il fonde le groupe Telegraph à Liège, le groupe Moon in June à Namur, le groupe Climat puis le groupe Marketing Zo à Liège également.
Jusqu’en 1990, ce dernier donnera de nombreux concerts en Belgique, en France et au Québec.
Un LP, divers singles et un CD seront édités durant cette période féconde en compositions colorées.
Mais c’est dès 1975 que Francis Lagneau, tisseur de liens spatio-temporels dérangeants, trouvera son mode d’expression le plus accompli : la peinture.
En effet, dès cette année, l’art pictural prendra progressivement le pas sur la musique. Explorateur ne souffrant ni tabou ni frontière, il parcourt les musées d’Europe pour s’initier à l’art des Maîtres Anciens, particulièrement ceux des XVème et XVIème siècles, excellant dans l’art fantastique et symbolique, Jérôme Bosch en tête.
Suivant ses propres dires, Francis Lagneau tâche d’élargir le champ de vision des Anciens tout en s’ingéniant à réinventer leur virtuosité technique.
Comme ceux-ci, le peintre s’exprime souvent sur des panneaux de bois qu’il peuple d’un monde étrange où des êtres hybrides, mi-hommes mi-bêtes, mi-anges mi-démons, se livrent dans une nature luxuriante et parfois hostile à des cérémonials déconcertants, parfois obscènes.
L’indifférence feinte des humanoïdes présents reflète sans doute celle de l’artiste : ses tableaux aux couleurs vives constituent autant de dénonciations tout azimut du comportement des mortels en proie aux passions, aux mythes, aux angoisses métaphysiques, à l’incertitude, à la folie.
Les capiteux effluves d’un cocktail de religion, de sexe et d’argent alourdissent les toiles de Francis Lagneau.
Sous des ciels souvent tourmentés se déploient des constructions apparemment conçues par une armée d’architectes venus de différentes époques et contrées. Dans une ambiance de douce cruauté, des idoles plus ou moins animées hantent les lieux, des inscriptions blasphématoires se déchiffrant ça et là, tandis que des Eves nues s’y livrent ou y sont livrées à quelques sacrifices propriatoires ou expiatoires.
Dns la majorité de ses œuvres, le peintre s’amuse à introduire un petit personnage au long nez conique qui fourre tout naturellement son appendice pointu partout là où les convenances l’interdisent. Tout porte à croire que l’artiste n’apprécie guère celles-ci.
Par la multiplicité des références à des êtres polymorphes évoluant dans des espaces et des époques différentes, souvent dans un même tableau, Francis Lagneau réussit à rendre son œuvre aussi universelle qu’intemporelle.
Et l’objectif principal de celle-ci semble donc bien une dénonciation à large spectre des mille et une contorsions d’êtres dangereusement livrés à l’existence.
Francis Goidts (1998)
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